Québec hésite à faire la lumière sur les électrochocs

Montréal, 6 juin 2005.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, Philippe Couillard, en est encore à se gratter la tête quant à la montée en flèche de l’utilisation des électrochocs par des psychiatres du Québec, et sur le fait qu’ils soient très majoritairement administrés à des femmes, particulièrement des femmes âgées. Et le courant passe toujours bien mal entre les organismes communautaires et le ministre Couillard qui vient une nouvelle fois de renvoyer la balle, sur ces questions, au Collège des médecins et à l’Association des psychiatres du Québec.

Interpellé le 25 mai dernier par la députée Louise Harel devant la Commission des affaires sociales, le ministre a reconnu la pertinence des inquiétudes de la députée :

  • Pourquoi le nombre des électrochocs a-t-il plus que doublé en quinze ans, passant de 4000 en 1988 à 8119 en 2003?
  • Pourquoi les deux tiers d’entre eux sont-ils administrés à des femmes?
  • Pourquoi celles âgées de 65 ans et plus sont-elles plus susceptibles de subir cette thérapie?
  • Pourquoi ces traitements aux effets plus que contestables et contestés de par le monde sont-ils, au Québec même, servis en nombre croissant à des gens qui ne souffrent pas de dépression extrême alors même que ceux qui l’approuvent soulignent qu’ils devraient être réservés à cette unique clientèle, et encore, seulement en tout dernier ressort?
  • Pourquoi seule une poignée de psychiatres prescrivent les électrochocs?
  • Pourquoi, enfin, ignore-t-on tout des diagnostics qui ont conduit à ceux donnés aux patients en clinique externe?

Devant l’insistance de la députée, le ministre s’est engagé à écrire au Collège des médecins et à l’Association des psychiatres du Québec pour obtenir des éclaircissements que réclament depuis longtemps une quarantaine d’organismes du Québec, dont Action Autonomie, l’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale et le Réseau québécois d’action pour la santé des femmes. Mais c’est encore bien peu pour nous qui sommes bien au fait du lourd silence qui entoure trop d’interventions dans le champ de la santé mentale et des réticences des psychiatres à justifier leurs pratiques. Et voilà, certes, une bien douteuse manière de renvoyer vers d’autres un problème de santé publique qui relève d’abord de la responsabilité d’un ministre déjà bien au fait de nos préoccupations à cet égard.

Le temps presse. Vingt-cinq, trente personnes recevront peut-être, au Québec, aujourd’hui des électrochocs sans, bien souvent, n’avoir été informés ni de leurs effets secondaires, qui peuvent aller jusqu’à la mort, ni de l’ensemble de l’éventail des alternatives thérapeutiques disponibles et susceptibles de leur venir en aide.

Le collectif Action-Autonomie fait campagne pour l’abolition des électrochocs. Plus de 1200 personnes ont, jusqu’à maintenant, signé une pétition appuyant notre démarche. A l’appui de celle-ci, nous soumettons maintenant à la population, aux médias et aux chercheurs une importante étude :  Les électrochocs : état des lieux. préparée par Khadija Benabdallah, ce document, disponible sur le site web de l’organisme Action Autonomie, devrait intéresser tous ceux qui, chez nous, se préoccupent de la santé des Québécoises et des Québécois. Ainsi parviendra-t-on, espérons-nous, à faire plus de lumière sur ce qui justifie toujours cette pratique.

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Source: Khadija Benabdallah

Consulter ces documents pour davantage d'informations:

  1. Les électrochocs : état des lieux.
  2. Une présentation synthèse animée au format Power Point.
  3. Entrevue radiophonique diffusée sur Radio Centre-Ville.

 

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