Résidences d’hébergement en santé mentale : Une enquête publique s’impose !

Montréal, 4 décembre 2003.

L’Association des groupes d’intervention en défense de droits en santé mentale du Québec et Action Autonomie dénoncent l’inaction des instances responsables de la protection et du bien-être des personnes vulnérables dont ils ont la charge et dont on abuse dans les résidences d’hébergement au Québec.

Deux ans après le décès d’un résident d’une maison d’hébergement en santé mentale, deux ans après la remise d’un rapport de coroner, le Curateur public du Québec juge insalubre cette même résidence. Mais que faisaient donc l’hôpital Douglas et le Curateur public alors qu’ils savaient que des personnes vulnérables y vivaient dans des conditions de vie inadmissibles ?

Il est tout à fait inacceptable, alors qu’en l’an 2002 une personne mourait suite aux conditions d’hébergement régnant au Pavillon des Pins, que l’hôpital Douglas et le Curateur public n’aient pas mis en place des mesures de redressement. Intolérable aussi que les pouvoirs publics n’aient pas, non plus, fait de suivi. Ces instances responsables de voir au bien-être des personnes n’ont rien fait pour que la situation s’améliore. Pire encore, elles l’ont laissée se détériorer !

Encore une fois, cette situation met en lumière l’irresponsabilité des institutions. Et c’est connu, il ne s’agit pas d’un cas isolé. «Ce manque de respect et de dignité accordé aux personnes ayant un problème de santé mentale dans les ressources d’hébergement est trop fréquent et on se bute à l’inertie des responsables lorsqu’on le dénonce», déclare une responsable d’Action Autonomie.

Qu’attend le Ministère de la Santé et des Services sociaux pour intervenir et légiférer dans ce dossier? Ces résidences agissent librement, comme elles l’entendent. Comment peut-on accepter qu’un tel traitement soit réservé à des personnes ayant besoin de services de qualité? Dans ces conditions, la santé de ces personnes ne peut que se détériorer. L’État paie pour que des personnes soient hébergées dans ces endroits souvent insalubres, non-adaptés et mal gérés. Accepterons-nous plus longtemps ce laxisme?

La situation vécue dans les ressources d’hébergement est en continuité avec celle régnant en milieu institutionnel. La culture qui y prévaut génère les mêmes pratiques abusives. Les tragiques événements des derniers jours doivent permettre une prise de conscience collective sur la situation des personnes vulnérables et commandent une intervention urgente du ministre dans le dossier. Mais attention, la solution n’est certainement pas dans la réinstitutionnalisation des personnes vivant un problème de santé mentale.

Une enquête publique s’impose, il faut revoir les pratiques desquelles originent les abus, il faut se redonner des responsabilités collectives à l’égard des personnes vulnérables et se doter de mécanismes clairs et efficaces de surveillance et de contrôle.

Cessons de jouer à l’autruche, la situation est trop importante. On en a assez des cas isolés qui s’accumulent !

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