Affaire Saint-Charles-Borromée, le Premier ministre fait fausse route !

Montréal, 29 novembre 2003.

L’Association des groupes d’intervention en défense de droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) et le groupe Action-Autonomie de Montréal sont outrés du refus du Premier ministre du Québec, M. Jean Charest, de mener une large enquête publique sur les pratiques institutionnelles où se retrouvent les personnes les plus vulnérables de notre société !

Ces organisations appuient fermement la demande de mise en tutelle de l’établissement de même que la demande d’enquête qu’a faite la famille et pressent le Premier ministre d’agir en élargissant son enquête.

Comment accorder de la crédibilité au Premier ministre quand il dit qu’il ne faut  pas généraliser un cas isolé quand on ajoute à la situation actuelle de Saint-Charles-Borromée, les abus connus qu’ont vécus des personnes internées à l’hôpital Rivière-des-Prairies, à Robert-Giffard, de même qu’à l’Institut Philippe-Pinel et bien d’autres ?

On ne peut accumuler les cas isolés indéfiniment. Un problème généralisé saute pourtant aux yeux. Il est évident que plus on s’intéresse à ce qui se passe dans les établissements du Québec, plus on y découvre des histoires d’horreur et d’abus. Notre gouvernement a-t-il peur de la vérité ?

Les abus existent, nous le savons, ce n’est pas une enquête publique qui les créera comme semble le croire M. Charest ! Plusieurs personnes hospitalisées ou qui l’ont été, plusieurs organismes et professionnels(es) de la santé dénoncent la loi du silence qui existe dans les établissements du Québec. Pour un cas d’abus connu, combien y en a-t-il de cachés?

Le Premier ministre doit pouvoir répondre à cette question, sinon ce qu’il affirme ne demeurera que croyance et cela est inacceptable. Il en va de la confiance du public envers les élus(es).

Les événements dénoncés à Saint-Charles-Borromée n’ont malheureusement rien d’unique. Les groupes de promotion et de défense des droits en santé mentale rencontrent de nombreuses personnes qui, à l’intérieur des murs clos de la psychiatrie, vivent humiliation et abus. Il est plus que temps que les pratiques qui règnent dans les institutions où se retrouvent des personnes vulnérables soient scrutées à la loupe.

Les mécanismes de recours du Ministère de la Santé et des Services sociaux ont démontré leur incapacité à prévenir les abus et à protéger les personnes contre des représailles. Les efforts déployés par les associations et groupes de défense de droits ne peuvent suffire et se butent trop souvent à un mur de silence lourd de conséquences pour les personnes.

«M. Charest, ne faites pas comme vos prédécesseurs, n’attendez pas qu’arrivent d’autres événements malheureux et agissez maintenant», clament les représentants de l’AGIDD-SMQ. Combien faudra-t-il de drames humains pour que le Premier ministre prenne aux sérieux la violation des droits fondamentaux des personnes fragiles, isolées et trop souvent sans voix ?

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Action-Autonomie  (514) 525-5060

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