Mettons fins à la violence psychiatrique !

Allocution de Monsieur Robert Théoret, du Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec, lors du 9ième rassemblement d’opposition aux électrochocs tenue à Montréal le 9 mai 2015.

Le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ) est heureux de joindre sa voix à celles des personnes et des groupes qui dénoncent, encore une foi, le recours aux #électrochocs pour traiter des problèmes de santé mentale. La pensée alternative en santé mentale  origine d’une volonté de dénoncer les abus de la psychiatrie et de développer des approches  et des traitements qui respectent les droits et l’intégrité physique et morale des personnes aux prises avec la détresse émotionnelle, psychique ou sociale. Les ressources alternatives ont été mises sur pied par des personnes qui avaient vécus ou été témoins des horreurs des institutions psychiatriques. Plusieurs d’entre vous peuvent témoigner des bienfaits des pratiques alternatives sur leur vie et sur leur émancipation en tant que citoyennes et citoyens.

En participant à ce rassemblement, le RRASMQ veut témoigner de son opposition au pouvoir que la psychiatrie et l’industrie pharmaceutique exercent sur la conception et le traitement des problèmes de santé mentale. Nous nous opposons à cette vision simpliste qui assimile toutes les difficultés émotionnelles et psychiques vécues par les femmes, les hommes et, aujourd’hui de plus en plus, les enfants à des maladies mentales. Nous dénonçons la recours généralisé aux médicaments et autres formes de coercition (ordonnances de traitement, enfermement, isolement…) qui, plus souvent qu’autrement, sont imposés en tant  que seuls moyens d’aide aux personnes qui souffrent. Les problèmes de santé mentale sont complexes et leurs causes ne peuvent être réduites à des disfonctionnements biologiques ou neurologiques du cerveau. Malheureusement, c’est cette vision dominante qui est véhiculée par les médias qui se font les échos du pouvoir médical et de l’industrie pharmaceutique. Le recours généralisé aux médicaments et à des traitements abusifs et inhumains comme les électrochocs démontrent la faillite de cette conception des problèmes de santé mentale.

Pendant que le DSM (la bible des psychiatres) ne cesse de s’engraisser de nouveaux diagnostics, on sous-estime l’importance des facteurs sociaux, économiques, environnementaux et politiques sur la santé mentale des personnes. Je suis personnellement convaincu que la pauvreté et les politiques d’austérité ont et auront plus d’impacts sur la santé émotionnelle et psychique des personnes que les quelconques débalancements de dopamine, de sérotonine ou autres neurotransmetteurs auxquels nous renvoient la conception biomédicale des problèmes de santé mentale.

Le prochain PASM 015-2020 qui devrait être bientôt rendu public par le Ministre Barrette n’augure rien bon, principalement en ce regarde le sort réservé aux enfants et aux adolescents. En même temps que les mesures d’austérité fragilisent le réseau des garderies et de l’éducation et que les hausses de tarifs appauvrissent les familles, le PASM se donne comme principal objectif d’identifier et de diagnostiquer plus jeunes les enfants et les adolescents susceptibles de développer, à l’âge adulte, des troubles de santé mentale.

Au lieu d’agir sur les conditions sociales qui peuvent générées de la souffrance émotionnelle ou psychique, le gouvernement préfère emprunter la voie du biomédicale (diagnostiquer et prescrire plus jeune).

Pendant ce temps, le gouvernement continu de tergiverser pour rendre plus accessibles la psychothérapie, comme le recommandait  en 2012 le Commisaire à la santé et aux bien-être (CSBE), et reconnaitre et promouvoir d’autres pratiques alternatives à la médicamentation.

La dénonciation de l’utilisation des électrochocs c’est une des nombreuses batailles que mènent le milieu alternatif en santé mentale contre toutes formes de négation des droits humains et contre les abus de pouvoir de la psychiatrie. Le RRASMQ s’inscrit dans ces batailles qui visent à transformer la vision des problèmes de santé mentale et les pratiques d’aide et de traitement des personnes et à faire en sorte d’agir concrètement sur les déterminants sociaux de la santé mentale. Pour le RRASMQ ces batailles ne sont possibles que si des personnes qui ont subi ou été témoins des abus de pouvoir s’unissent et prennent la parole publiquement pour réclamer le respect des droits, l’abolition de ces pratiques abusives et la transformation en profondeur des services en santé mentale. 

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